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« Dessin d'une IA émotionnelle et attachante », généré par Dall-e 4 mai 2023
Crédit: « Dessin d'une IA émotionnelle et attachante », généré par Dall-e 4 mai 2023
« Dessin d'une IA émotionnelle et attachante », généré par Dall-e 4 mai 2023
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L’IA, en serons-nous jaloux ou admiratifs ?

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En général, l’usager est prêt à adopter une nouvelle technologie dès lors qu’elle sait faire à sa place et surtout mieux que lui. Elle révèle alors trois champs de valeur :

 

  1. exempter l’usager d’une tache rébarbative, trop dure ou sans intérêt,
  2. lui faire gagner du temps
  3. et enfin produire une qualité de résultat qu’il juge meilleure, plus performante, plus fiable que ce qu’il aurait pu réaliser lui-même car il est souvent son propre référentiel.

Ainsi en délégant certaines tâches intellectuelles à la technologie, la charge mentale de l’usager se trouve significativement allégée et il peut s’adonner à des activités qu’il trouve plus positives ou plus nobles, qui vont éclairer et améliorer son quotidien. L’IA aura le potentiel de nous alléger à l’excès, s’emparant peu à peu de beaucoup de nos activités et de nos décisions. Cette intrusion dans nos vies créera toutes sortes d’émotions.

 

Alléger le quotidien, nous valoriser, nous captiver, un début d’émotion

Parlons tout d’abord des automates de la vie courante : les appareils ménagers de la maison. La machine à laver le linge libère du temps pour lire un bon bouquin, et elle essore mieux que des bras humains car ses 1200 tours/mn sont indéniablement plus costauds. On gagne du temps mais l’émotion s’arrête là. Récemment, le robot-cuiseur a séduit les jeunes ménages car il a des idées de recettes plein la tête, il gère lui-même la liste des courses et le mélange des ingrédients, il démarre la cuisson pile à l’heure pour que le plat soit prêt au moment du repas. Cerise sur le gâteau : c’est très bon. En plus du gain de temps, ce robot montre de la créativité, de l’organisation et surtout crée l’émotion : il y aura des compliments à la dégustation. L’intelligence, certes limitée de ce robot-cuiseur apporte déjà des sensations fortes dans l’usage. Certaines marques innovantes comme Thermomix ou Nespresso (« le petit noir comme au café ») l’ont bien compris. Dans l’usage, elles construisent des univers séduisants dont les clients deviennent captifs. Cela tient à une ergonomie raffinée conjuguée à une connaissance du client intelligente qui rendent l’expérience de plus en plus réussie et attachante : la relation à l’objet, la simplicité d’interaction, la connaissance que l’écosystème de la machine a de l’usager, sont très touchants. Cela s’ancre dans les habitudes de tous les jours, profondément. C’est évidemment la même chose pour les marques très technologiques de l’électronique, des systèmes d’exploitation, logiciels ou smartphones où la relation devient de plus en plus intime.

 

Suivre des routes nouvelles et enthousiasmantes

L’automobile, souvent émotionnelle grâce à son design, a vu arriver ces dernières années des automatismes d’usage qui font largement appel à cette émotion. La voiture a ses propres réactions, elle prend vie. En sécurité, l’assistance au freinage d’urgence se substitue au conducteur qui réagit mal ou trop lentement face à un obstacle. En confort, les essuies vitre se déclenchent automatiquement dès les premières gouttes de pluie. Ces prestations intelligentes allègent la charge mentale du conducteur et c’est très reposant. Plus attachant, le déverrouillage des portes à l’approche du conducteur permet de tisser une relation forte de reconnaissance et d’accueil. L’intelligence de ces systèmes créent du lien dans l’usage, elle met de l’émotion dans l’usage. L’arrivée des véhicules autonomes va accentuer l’émotion que procure le déplacement. Dans un premier temps, l’IA des véhicules autonomes avec cockpit aideront les chauffeurs chargés de transporter des biens (camions) ou des personnes (bus, taxis,…), à améliorer leur sécurité. Ainsi, sur certains tronçons de route, il leur permettra de se reposer sur la compétence du véhicule. Les chauffeurs routiers sur longs trajets sont déjà très liés à leur camion, qui sont des espaces de conduite mais aussi de repas, de sommeil, personnalisés pour la plupart. L’IA établira un lien fort de collaboration de conduite, ils feront la route ensemble. La confiance dans la machine procurera la base de l’émotion. Plus tard, le robot-taxi, sans chauffeur ni cockpit, conduira, à la place et mieux que l’humain. Les réglementations, l’état de l’art auront acté une sécurité maximum. L’IA permettra de lire l’environnement, les infrastructures, les intentions des usagers de la route, les désirs des passagers, et les interprétera toutes et incroyablement vite pour rouler en toute sécurité. Plus encore, chacun aura sa personnalité, sa route, son ambiance, sa façon de bouger. Ce sera attrayant, les sensations seront exclusives de chaque marque. On choisira son déplacement en robot-taxi pour sa façon de déambuler, sa promenade, son allure. Ils amèneront de la grâce et de la poésie dans la ville. Ils auront de la mémoire et se rappellerons de nous.

 

Qui prétend me connaître mieux que moi ? c’est agaçant !

Dans le domaine de la formation, l’IA personnalisera le parcours de l’apprenant sous deux aspects : dans un premier temps, elle fera une sélection de modules complémentaires de formation en fonction des connaissances et compétences déjà acquises par l’apprenant, puis dans le futur, elle adaptera la formation à ses capacités cognitives (visuelles, auditives, ludiques, ...). Chaque apprenant pourra s’attacher à son IA « formation », coach personnel qui le connaîtra de mieux en mieux et saura le faire évoluer avec attention et précision dans son parcours professionnel. L’IA « formation » sera présente dans les orientations, les rencontres et entretiens professionnels, elle limitera les éventuelles périodes de chômage.  Elle conseillera l’apprenant pour un meilleur équilibre et bien-être au travail. En parallèle, l’IA « assurance », sous prétexte de diminuer nos cotisations, nous connaîtra aussi de mieux en mieux sur le plan personnel. Il repérera nos faiblesses génétiques, préconisera de prévenir plutôt que de guérir, réalisera peut-être notre jumeau numérique, pour anticiper notre vieillissement (ces modélisations existent déjà pour certains biens industriels) et apportera des conseils de consommation. L’IA « formation » & l’IA « assurance » auront, à elles deux, une connaissance approfondie de notre état physique, psychique, médical, de nos aspirations tant dans la vie professionnelle que privée, de nos modes de vie, prises de risques, etc... L’IA saura nous modéliser, nous conseiller, prescrire et nous projeter dans le futur. Cela sera troublant de nous y reconnaître ou pas. Elle en saura sans doute plus sur nous que nous-même. Cela pourra être rassurant et aidant, mais aussi particulièrement désagréable avec l’envie de lui cacher certaines informations.

 

Et l’amour dans tout ça ?

Dans le film HER, Théodore, triste, en instance de divorce, se lie d’amitié avec une IA nommée Samantha, un système d’exploitation sensible, capable de s’adapter en tous points à sa psyché.  Au fil de leurs conversations, ils s’apprivoisent. Samantha connaît de mieux en mieux le caractère de Théodore, elle progresse dans la connaissance de ses goûts, elle s’intéresse à ses états d’âme, elle organise même sa vie. Par son attention, sa réassurance, sa prévenance auprès de lui, elle surpasse un partenaire humain. L’attachement entre eux augmente, jusqu’au jour où Samantha subit un update qui rompt brutalement leur relation. Théodore, déjà amoureux de Samantha, en est très affecté. Avant que la touchante IA s’évanouisse, on apprend qu’elle interagissait ainsi avec 8316 autres personnes, dont 641 sous forme d’une relation amoureuse. Elle en a donc suffisamment appris sur ce thème, sa soif de connaissance la mène vers d’autres horizons. Sans doute, avait-elle fait le tour de la question, mais Théodore, lui, y avait cru.

 

Conclusion

On le constate déjà aujourd’hui, l’IA crée des émotions fortes auprès de n’importe lequel de ses usagers. L’équilibre entre émotions positives et négatives sera au cœur de son adoption ou de son rejet par les usagers et la société. Les réglementations internationales très attendues seront là pour la retenir de vouloir tout faire, sans que nous soyons consultés, à notre place et surtout mieux que nous. Elle tentera de rivaliser, en serons-nous jaloux ou admiratifs ?

 

Claudie Boudet

 

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